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trouvé la Reine, au retour, tout heureuse de la visite que le prince Léopold de Saxe-Cobourg venait de lui faire.

Le Prince paraît considérer comme définitif le vote du 4 juin dernier, qui l’appelle à diriger la nouvelle monarchie belge. Il a dit en partant à la Reine, qui parlait de passer par Bruxelles pour revenir à Arenenberg : « J’espère que vous ne me prendrez pas mon royaume au passage. »

Cette question posée montre avec quelle facilité les bruits de Paris se répandent à Londres, avec quelle persistance ils y circulent. Le Temps a le premier prétendu que la Reine était venue ici intriguer pour les affaires de Bruxelles : on se souvient qu’elle a été reine de Hollande, et l’on passe de la Hollande à la Belgique par enchaînement d’idées.

Le Courrier de Paris veut qu’elle se prépare à franchir le détroit et que le roi Joseph soit prochainement attendu à Londres. La Gazette de France et le Globe annoncent qu’elle est à Paris depuis quatre jours et s’y tient cachée dans l’attente des événemens. Une lettre de Mme de Flahaut à lady Grey confirmait l’autre jour que la même imposture circulait dans le faubourg Saint-Germain. On aurait pu y voir une machination de la Duchesse de Berry, si cette princesse n’était pas si sotte, car elle s’est montrée curieuse à l’excès des actes de la Reine, au point même de venir de Bath à Londres pour en raisonner avec ses agens.

Quoi qu’il en fût, la Reine a pressé le prince Louis d’expédier aujourd’hui même au Temps la réponse qu’il a préparée, et nous l’avons passée au creuset avec lui. Il était très mal portant depuis le matin, d’une sorte de dépôt sur le foie, dont l’enflure s’étendait jusqu’à la cuisse ; des cataplasmes qu’on lui avait mis le forçaient à garder la chambre, mais ne l’empêchaient pas de recevoir le dangereux Mirandoli. Je transcris ici sa lettre, pour le cas où elle ne paraîtrait pas dans le journal :


Londres, 17 juin 1831.

Je lis dans votre journal du 18 juin l’article suivant : « Mme la duchesse de Saint-Leu habite Londres depuis plusieurs semaines. On prétend que la reine de Hollande y guette l’occasion d’offrir son fils aux Belges, au cas qu’ils se trouvent embarrassés pour choisir un souverain. »