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avances consenties aux Trésors autrichien et hongrois. De petites sommes ont été remises à la Bulgarie, en vertu d’un emprunt consenti par une banque allemande.

Les opérations financières faites par les belligérans en dehors de leur territoire ne se sont pas bornées à celui de leurs alliés. Ils en ont conclu chez les neutres, et cela dans un double dessein : épargner les forces de leurs nationaux ou de ceux qui combattent à leurs côtés, et se procurer de la monnaie étrangère pour payer les achats de munitions, d’approvisionnemens de matières premières, qu’ils opéraient dans certains pays. Le principal marché neutre, on peut dire le seul, sur lequel les belligérans aient emprunté, est celui de New-York. Il avait commencé par leur être fermé à tous. Lorsque, en automne 1914, des tentatives furent faites dans ce sens, elles furent écartées sous l’influence du président Wilson, qui estimait que l’impérieux devoir d’une neutralité absolue interdisait des opérations de ce genre. D’ailleurs, à cette époque, le change était défavorable à l’Amérique, qui avait déjà perdu beaucoup d’or et semblait menacée d’en perdre davantage : le dollar était tombé au-dessous de 5 francs. C’était pour les Américains une raison de plus pour refuser leur concours. Pendant l’hiver, la situation changea. Les exportations américaines se développèrent de plus en plus ; les États-Unis vendaient à l’Europe des quantités croissantes de marchandises, et le dollar fit jusqu’à 3 pour 100 de prime par rapport au franc et 2 pour 100 par rapport à la livre sterling. Ces cotes devaient logiquement déterminer le retour de l’or à New-York. Les belligérans entrèrent alors en négociations avec des banquiers d’outre-Atlantique pour solliciter des avances, de façon à éviter d’entamer leurs réserves métalliques. C’est ainsi que la France émit à New-York pour 50 millions de dollars (260 millions de francs) de Bons du Trésor à un an, au taux de 5 pour 100. La Russie, il y a quelque temps, a déjà obtenu de la même façon 25 millions de dollars et négocie une autre opération. L’Angleterre et l’Allemagne en font autant.

Le gouvernement de Washington, qui s’était d’abord opposé à ces opérations, les a ensuite implicitement autorisées, aux termes du communiqué suivant, paru le 31 mars 1915 : « Le département d’Etat (ministère des Affaires étrangères) a été informé à plusieurs reprises, directement ou indirectement,