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Depuis le 14 avril, la Trésorerie anglaise a changé son mode d’émission des Bons à court terme. Jusqu’ici, elle en mettait, à de certains intervalles, des quantités déterminées aux enchères, et le taux n’était connu que par le résultat de l’adjudication. Désormais, elle fixe les prix auxquels elle vend des Bons à trois, à six et à neuf mois. Les quantités souscrites ne seront connues que si elle les publie. Le 15 avril 1915, pour la première fois, la nouvelle méthode a été appliquée. La Banque d’Angleterre a fait connaître que le Gouvernement offrait


des bons à 3 mois au taux de 2 3/4
— 6 — 3 5/8
— 9 — 3 3/4

Ce système permettra à l’État de réunir provisoirement les sommes dont il a besoin, sans émettre de nouvel emprunt consolidé. Il contribuera à améliorer le change, notamment le change américain, en relevant le taux des capitaux disponibles sur la place de Londres, où il était tombé à un niveau tellement bas que l’or avait une tendance à s’exporter.

Parmi les mesures auxquelles l’Angleterre a eu recours pour augmenter ses ressources, il convient de mentionner la création, pour la première fois dans l’histoire financière de la Grande-Bretagne, de billets d’État. Cette émission a d’ailleurs été faite beaucoup plus pour venir en aide aux banques, à qui le Gouvernement a consenti des avances au mois d’août 1914, que pour créer des ressources budgétaires. La meilleure preuve en est qu’au cours des derniers mois, le chiffre de cette circulation a très peu augmenté et qu’au contraire la quantité d’or immobilisée en garantie de ce papier n’a cessé de croître. Au 5 mai 1915, il en avait été créé pour 43 millions de livres, dont 7 millions étaient en réserve. Le solde était couvert à raison de 27 millions par le métal et de 8 millions par la seule signature de l’État. La proportion de la couverture en numéraire était ainsi de 75 pour 100, c’est-à-dire notablement supérieure à celle qui se constate aujourd’hui, la Banque d’Angleterre exceptée, chez les diverses banques d’émission des belligérans.

Quant à la Banque d’Angleterre elle-même, sa circulation n’a pas cessé d’être exactement contenue dans les limites sévères de l’acte de 1844. La quantité de billets créés n’excède