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l’avance de la Banque ; 6 milliards par les Bons du Trésor : 1 milliard par les obligations de la Défense nationale.


III. — ANGLETERRE

Le financement anglais de la guerre a différé du nôtre sous deux rapports. Le Gouvernement n’a pas demandé de fonds, en dehors de l’avance statutaire et normale, à la Banque d’Angleterre. Il a, dès les premiers mois, établi des impôts nouveaux, ce qui ne l’a pas empêché de recourir, dans une large mesure, aux emprunts, sous la forme de Bons du Trésor et d’obligations décennales.

Les dépenses furent d’abord couvertes au moyen de l’émission de Bons à court terme, dont l’échéance variait de six mois à un an, mis en adjudication, et qui ont procuré à l’Échiquier des fonds à des taux remarquablement modérés. Dès le mois de novembre 1914, M. Lloyd George voulut s’assurer par d’autres moyens de plus amples ressources. À cet effet, il proposa des taxes destinées à couvrir au moins l’intérêt des sommes énormes qu’il fallut et qu’il faudrait emprunter. Il fit porter les augmentations à la fois sur les contributions directes et sur les indirectes, estimant à bon droit que tous les citoyens doivent supporter leur part du fardeau. La principale augmentation fut celle de l’income tax, qui avait déjà subi de nombreuses aggravations depuis 1900. Au cours des deux derniers exercices 1913-14 et 1914-15, (l’année financière anglaise va du 1er avril au 31 mars), il avait été demandé à l’income tax proprement dite 16 millions et demi et à la supertax 4 millions de livres sterling de plus que précédemment : une nouvelle augmentation, votée au mois de novembre 1914, a eu pour effet de doubler le taux de l’impôt par rapport à ce qu’il était il y a deux ans. Voici quelle a été la progression : elle est indiquée dans la première colonne à la manière anglaise, en shillings et pence par livre sterling, dans la seconde en pourcentages.

D’après ce tarif, un revenu de 1 000 livres, gagné par le travail, paie 1 shilling 6 pence à la livre, c’est-à-dire 7 et demi pour 100. Sur un revenu de 10 000 livres sterling, l’income tax et la supertax réunies prélèveront cette année 1 995 livres sterling, c’est-à-dire près de 20 pour 100. Dans son exposé du 4 mai 1915, M. Lloyd George a déclaré que, dès l’année