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REVUE LITTÉRAIRE

LEUR AVENIR[1]

On voudrait entrer, pour un instant, — non certes pour s’y installer, mais le temps d’y voir un peu clair, — dans la pensée des gens qui ont fomenté de loin, qui ont déchaîné cette guerre, déjà terrible, que nos ennemis rendent monstrueuse et, nos soldats, sublime Diverses publications, celle de notre Livre jaune en particulier, démontrent que l’Allemagne avait, de longue main, préparé son coup. Les infamies qu’elle commet depuis le début des hostilités ne sont pas non plus des improvisations. Et il y a, présentement, sous le ciel, des hommes qui ont eu cela, tout cela, toute l’immense catastrophe, dans leurs desseins, dans leur méditation quotidienne et dans leur volonté. Voilà précisément les cervelles qui nous étonnent et (quelle que soit l’horreur) où il nous tente de regarder.

M. Emile Simonnot vient de traduire un petit volume, Notre avenir, par le général Friedrich von Bernhardi : un petit volume qui parut en Allemagne il y a trois ans et qui, dans ses deux cents pages, contient la substance du pangermanisme. Théorie et pratique, la doctrine et ses corollaires d’activité, nous avons là, en quelque sorte, la somme compendieuse des idées que les têtes allemandes, selon leurs aptitudes, arrangent en système ou transforment en délire. Bernhardi est un philosophe. Il ne délire pas, quant à lui ; mais il donne avec tranquillité les formules que les foules et puis les hordes

  1. Notre avenir, par le général Von Bernhardi, traduction de M. Emile Simonnot (Conard, éditeur’. — Du même auteur, La Guerre d’aujourd’hui (traduction de M. Etard et du lieutenant-colonel Colin ; 2 volumes (librairie Chapelot) et Notre cavalerie dans la prochaine guerre, un volume (Berger-Levrault, éditeur).