Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 27.djvu/660

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

telles sont les principales et indispensables précautions qu’il convient à un grand croiseur de prendre pour déjouer une surprise fatale ; et je ne parle pas, bien entendu, des moyens de repousser l’attaque, lorsque l’on aura la chance d’apercevoir à temps le sous-marin, ou seulement son périscope.

En ce qui concerne les mesures de sécurité et puisqu’il ne peut être question ici de l’emploi des filets pare-torpilles, — dont la valeur n’est d’ailleurs pas bien démontrée en présence des nouvelles torpilles automobiles, — il semble que l’on ne puisse guère se fier qu’à un système perfectionné de « paillets Makaroff, » matelas souples et imperméables qui, venant s’appliquer au moyen de manœuvres très simples sur la blessure de la coque, y sont maintenus par la pression même de l’eau. Toutefois, je le répète, ce dispositif depuis longtemps connu a besoin de modifications sérieuses qu’il n’est sans doute point difficile d’imaginer, mais sur lesquelles il est bon de garder le silence.

Quant au sauvetage de l’équipage, presque tout reste, malheureusement, à faire de ce côté-là. Il importe peu, en effet, que les dispositions prises à l’avance pour l’évacuation du navire blessé à mort s’exécutent dans l’ordre le plus parfait, si les chaloupes, canots, radeaux même ne peuvent être immédiatement mis à la mer, en dépit de l’inclinaison que prend le bâtiment avant sa submersion totale. Ayons la ferme confiance qu’ingénieurs et marins rivaliseront de zèle pour arriver à une solution satisfaisante et rapide de ce délicat problème. En attendant et suivant un exemple venu de haut chez nos alliés britanniques, hâtons-nous de multiplier les ceintures, les colliers et tous les autres appareils de sauvetage individuel dont l’efficacité aura été dûment établie. C’en doit être fini, maintenant, de l’insouciance avec laquelle, pendant des années, — des années de paix, sans doute, mais d’une paix si précaire ! — on accepta l’idée des chances funestes que les armes sous-marines font courir aux plus grandes unités de combat.


Contre-Amiral DEGOUY,