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TORPILLAGES
LÉON-GAMBETTA, LUSITANIA, GOLIATH

Deux coups d’éclat des sous-marins, — il ne s’agit, bien entendu, que de ceux de nos ennemis, — ont, ces temps-ci, vivement ému l’opinion. Le croiseur cuirassé français Léon-Gambetta a été torpillé, le 27 avril, dans le canal d’Otrante, assez près du cap Santa Maria di Leuca, par un submersible autrichien, le U5 Le grand transatlantique anglais de la Cunard line, la Lusitania, l’a été, un peu avant d’arriver à Queenstown d’Irlande, le 7 mai, par un submersible allemand dont on ne connaît pas le numéro, jusqu’ici.

Dans les deux cas, la submersion a été rapide : 10 minutes, 20 minutes, et le nombre des victimes considérable. Plus de 600 de nos marins et tout l’état-major du bâtiment, y compris un officier général, ont été engloutis avec le Léon-Gambetta. Ces vaillans hommes sont morts à leur poste de combat. S’il faut plaindre leurs familles, leurs amis, tous ceux qui les pleurent, il ne faut pas les plaindre eux-mêmes. Il convient seulement d’honorer leur mémoire.

Dans la catastrophe de la Lusitania, aucune consolation n’apparaît. Non seulement l’Humanité gémit sur la perte de 1 500 existences humaines que n’aurait jamais dû atteindre le fléau de la guerre, mais elle se sent profondément humiliée par le crime qu’ont commis quelques-uns de ses membres, par l’acte odieux qu’accepte, défend et célèbre un peuple tout entier.

Parmi les commentaires d’ordre purement technique qui ont suivi ces deux événemens, je retrouve des traits communs