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électriques. Le 31 octobre, jour anniversaire de l’Empereur du Japon, avait été choisi, comme celui du bombardement général.

La flotte alliée et l’artillerie de siège firent pleuvoir leurs énormes obus. De leur côté, les Allemands faisaient toujours une incroyable consommation de projectiles ; dès le début des hostilités, on remarqua qu’ils en envoyaient sans grande utilité dans la campagne en quantité superflue, tuant ainsi, loin du lieu de combat, des agriculteurs chinois dans leurs champs, comme si les défenseurs avaient voulu épuiser plus vite leur stock de munitions et justifier ainsi la reddition d’une place dont la chute était fatale. Le 1er novembre, le croiseur allemand Kaiserin Elizabeth sombrait dans le port, le grand dock flottant eut le même sort le 3. Le 5, les tranchées japonaises atteignaient les glacis, et, dans la nuit du 6 au 7, l’infanterie surprenait la redoute du centre, s’en emparait et réussissait également à planter le drapeau au soleil rouge sur les forts Iltis et Bismarck, dominant la ville. Il ne restait aux Allemands qu’une redoute, bientôt elle hissa le drapeau blanc. C’était la fin.

Le gouverneur Meyer Waldeck se rendit à merci le 7 ; on lui laissa son épée. La garnison prisonnière fut envoyée au Japon, et le 16, les troupes alliées firent leur entrée triomphale dans la ville qui avait été soigneusement respectée pendant le bombardement par l’artillerie assiégeante. Le palais du gouverneur et les édifices étaient intacts. Cette prise de Tsingtao, c’était pour le puissant empire germanique en Extrême-Orient et particulièrement en Chine, à Pékin, où se dresse dans une des principales rues, l’arc de triomphe orgueilleux que le Kaiser y obligea les Chinois d’élever après l’affaire des Boxeurs, l’écroulement définitif de tout prestige.


Le monde chinois suivait avec un vif intérêt cette lutte que les étrangers se livraient sur le territoire national. Les personnages officiels observaient la réserve diplomatique voulue ; toutefois, l’état d’esprit du chef de l’État, son passé, l’inclinaient vers l’Allemagne ; les intrigues teutonnes habituelles n’étaient pas non plus étrangères aux sentimens de Yuen Chekai qui, ne connaissant aucune langue occidentale, est à la merci des interprètes et de ceux qui l’entourent. Les lettrés, conservateurs ou novateurs, n’avaient de sympathie pour aucun des belligérans ;