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exact ne paraît pas avoir été officiellement publié ; les Chinois l’estiment à environ soixante-quinze mille hommes. Un corps de huit cents hommes de troupes des Indes, sous le commandement du général Barnardiston, devait participer à la campagne. Trois escadres, commandées par les amiraux T. Kato, S. Kato et Tochimai, devaient protéger le transport des troupes, bloquer la baie, bombarder les forts de concert avec l’artillerie de terre. Pour que ses soldats pussent débarquer en toute sécurité, le gouvernement japonais obtint du chef de l’État chinois, et malgré les protestations de l’Allemagne, une zone de débarquement hors de portée des forts de la place. Comment d’ailleurs Yuen Chekai aurait-il pu s’opposer à une telle demande ?

Le 28 août, une partie de la première division quitta le Japon ; le débarquement commença le 2 septembre et se poursuivit jusqu’au 14, malgré un temps très mauvais. Dès le 12, les premières troupes débarquées étaient entrées en contact avec les éclaireurs allemands.

Les inondations, si fréquentes en Chine, pays déboisé, retardèrent les travaux d’approche ; aussi, ce ne fut que le 14 octobre que, toute la grosse artillerie ayant été amenée, l’on put pousser les opérations avec une grande vigueur. La place contenait quarante-deux non-combattans : membres de la Croix-Rouge, femmes d’officiers et de soldats, une dame anglaise une Française et deux Américains.

Les Japonais tenaient à honneur d’observer les lois de l’humanité consacrées par les conventions internationales et à bien montrer leur supériorité morale sur les Allemands dans la façon de conduire la guerre. Le 13 octobre, les commandans des forces d’investissement, le lieutenant général Kamio et le vice-amiral Kato, envoyèrent au commandant de la place le message suivant dont il est bon de rappeler le texte, en songeant aux procédés sauvages de la Kultur germanique en Belgique et en France.

« Les soussignés ont l’honneur de vous communiquer, au sujet de l’honorable défense de Votre Excellence, l’auguste désir de Sa Majesté l’empereur du Japon, d’épargner, dans un sentiment d’humanité, aux non-combattans des pays belligérans et neutres actuellement dans la forteresse, les souffrances des opérations de siège. Si Votre Excellence désire profiter de la