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Chouentien jeupao de Pékin, au moment du coup d’État, lorsque le Président annihila le Parlement. Enfin, les Japonais s’efforcent d’introduire des professeurs de leur nationalité dans les écoles où l’on emploie des maîtres étrangers.

Tels sont les principaux moyens d’action, employés en Chine même, pour faire pénétrer les idées japonaises et ainsi servir les intérêts de l’empire du Mikado. Leur efficacité ne fut d’ailleurs guère augmentée par l’afflux des nombreux étudians chinois que, pendant bien des années, le gouvernement japonais attira dans ses écoles, au Japon même, en leur offrant divers avantages. Pour beaucoup, l’enseignement était gratuit. Dix mille, quinze mille et jusqu’à vingt mille jeunes Chinois faisaient leurs études dans les îles du Soleil-Levant, proche de leur pays et où la vie est à bon marché. Mais là, toute cette jeunesse, en étudiant les principes des sciences positives et les méthodes critiques transposées de l’Occident, y acquit des idées libérales, subversives de la vieille société politique chinoise. La dynastie mandchoue s’en effraya quand il était trop tard. Beaucoup de révolutionnaires, qui la renversèrent, avaient été instruits dans les îles. Tous ces étudians savaient fort bien que la science qu’on leur dispensait n’était pas originaire du Japon lui-même, aussi l’influence morale que le gouvernement du Mikado comptait acquérir par-là fut-elle à peu près nulle. Ces jeunes Chinois n’oubliaient pas que leur patrie avait pendant de longs siècles dominé intellectuellement et moralement le peuple insulaire minuscule quant au nombre par rapport à la population de leur pays. Leur fierté de Chinois demeurait entière. De ce côté, la tentative japonaise avait échoué, on avait seulement donné des armes intellectuelles à toute une jeune génération susceptible de s’en servir contre ses anciens maîtres.


A Pékin l’action diplomatique du Japon était assez faible. Les grandes Puissances le laissaient un peu à l’écart. Le gouvernement mandchou, la famille impériale, souffrant toujours du mal d’impécuniosité, se tournaient vers ceux qui pouvaient leur prêter de l’argent. France, Angleterre, Etats-Unis, Allemagne elle-même, se partageaient les tranches des emprunts chinois. La situation économique du Japon épuisé financièrement par son effort de la guerre avec les Russes ne lui