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signature, au crayon, et l’adresse détaillée d’un prisonnier militaire.

Des appels si pressans ne sont pas restés sans réponse, en Suisse. Plusieurs villes ont organisé des Comités d’aide aux prisonniers.

A Berne, quelques personnalités suisses, sous la direction de Mme Pageot, femme de notre attaché militaire à l’ambassade de France, s’occupent activement de secourir les camps de Bavière. A Genève, l’Œuvre du Paquet du prisonnier envoie de nombreux colis en Allemagne. Chaque ville a son centre d’action et de charité en faveur des internés français.

L’œuvre de Berne a même obtenu cet avantage, grâce à l’intelligent et dévoué mandataire qui a accepté de faire la visite des camps bavarois, M. Schneeli, de Münich, que des prisonniers désignés pourraient correspondre avec elle pour lui exposer leurs besoins, sans subir, pour ces demandes, les retards de quarantaine ordinaires. Et M. Schneeli, là comme partout, a constaté que la privation la plus grande pour les prisonniers militaires français est celle du pain.

Dans plusieurs villes de Suisse également sont organisés des services de renseignemens sur les disparus. Le plus connu est celui de l’agence internationale de Genève si admirablement dirigée par la Croix-Rouge et par son président, M. Ador. Mais je trouve à Fribourg même, au siège de l’œuvre de « Protection de la jeune fille, » une petite agence de recherches, menée avec une ardeur renouvelée, depuis plusieurs mois, par la présidente de cette œuvre et par sa fille, active secrétaire. Les lettres qu’elles reçoivent, innombrables, sont poignantes. L’angoisse se lit entre les lignes. Aussi, quelle joie lorsque la secrétaire, à l’aide d’un fichier ingénieusement classé, peut opérer ce miracle de restituer, au moins par correspondance, un disparu à sa famille. 3 122 de ces disparus retrouvés, 12 573 lettres écrites à leur sujet, 18 000 renseignemens donnés aux familles, voilà une partie du travail accompli par cette petite : ruche. C’est beaucoup de besogne, sans nul tapage. De plus, 7 000 militaires recommandés à l’agence ont été l’objet de sa sollicitude : de là, toute une correspondance et fort intéressante.

Si l’on parcourt les lettres des prisonniers eux-mêmes, on est frappé de voir, à travers le laconisme obligé, et malgré la