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LA SEMAINE TRAGIQUE


I

L’archiduc François-Ferdinand passera dans l’histoire sans avoir livré son secret. On lui a prêté de grands desseins politiques, surtout à cause de son amitié avec Guillaume II. En réalité que sait-on de lui ? Qu’il avait une volonté forte et entêtée, qu’il était très clérical, très autrichien, mal disposé pour les Hongrois, au point de n’avoir pas de relations avec leurs hommes d’Etat, et qu’il n’aimait pas l’Italie. On lui a attribué des sympathies pour les élémens slaves de la monarchie ; on a prétendu qu’il rêvait de constituer à la place de l’empire dualiste, afin de faire contrepoids à l’influence magyare, un État « trialiste, » dont le troisième facteur aurait été formé en majeure partie des provinces slaves détachées de la couronne de Saint-Etienne. Au lendemain de son assassinat, la Gazette de Voss a combattu cette supposition avec des argumens qui m’ont paru pleins de bon sens. L’archiduc était trop intelligent, disait la feuille berlinoise, pour ne pas comprendre qu’il susciterait ainsi à l’Autriche deux rivalités au lieu d’une et que les populations serbes subiraient l’attraction de Belgrade plutôt que celle de Vienne. La Serbie deviendrait le Piémont des Balkans ; elle attirerait à elle les Slaves de la vallée du Danube par un phénomène de cristallisation analogue à celui qui s’est produit dans la péninsule italienne.

L’archiduc, acquérant d’année en année plus d’autorité et d’influence sur le gouvernement de l’Empire, à mesure que la