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LE

PASSÉ DE L’ONCLE JEAN

PREMIÈRE PARTIE

Mon journal.

Ce matin, à l’heure où l’herbe rafraîchie garde, sous les gouttes de rosée nocturne, un vague parfum de menthe et de violettes, je traversai la pelouse qui s’étend des deux côtés de l’avenue, jusqu’au pied de la vieille maison ancestrale que nous habitons.

— Joscelyne !... Joscelyne !... appelle tout à coup une voix que je reconnais bien.

Debout sur le seuil de sa porte vitrée, mon oncle Jean du Montai me faisait signe d’entrer dans son studio de prédilection. Je m’empresse de déposer sur le rebord de sa fenêtre la brassée de roses que je venais de cueillir : des roses couleur chair qui fleuraient l’aurore et chantaient l’été, des roses idéales que mon oncle ne vit seulement pas, s’étant déjà replongé dans ses matinales occupations.

— Vous permettez, Josette ?... me dit-il, je termine à l’instant la classification de mes catégories...

— De grainages ?... je les connais toutes ou à peu près, surtout celles qui concernent les diverses espèces de froment..