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LA DÉPOPULATION
DE
LA FRANCE

Après tout ce qui a été exposé, et si bien exposé, ici et ailleurs, sur la dépopulation de la France, il semble peut-être que le sujet ait été épuisé. Pourtant, un peu témérairement sans doute, je m’imagine que les choses essentielles n’ont été dites encore, ni sur le fléau lui-même, ni surtout sur les remèdes possibles.

Je vais tâcher de les dire, ces choses essentielles, et très brièvement.


D’abord, pour ce qui est de la gravité du mal, on l’avoue franchement ; mais, tout en l’avouant, on la méconnaît ; car on ne lui attribue pas l’importance primordiale, presque exclusive, qu’elle mérite. On établit l’insuffisante natalité de la France et on la démontre par des chiffres ; mais on ne conclut pas, ou à peine. On parle du mal avec un sourire mélancolique : on hoche la tête en disant que c’est fort triste ; mais on n’ajoute pas que cette rapide décroissance nous mène au néant. On déclare que la restriction croissante de la natalité française est un phénomène fâcheux, un chapitre peu favorable de notre histoire, un danger pour les lointains avenirs ; mais on s’arrête là, et on court à d’autres sujets.

Il ne s’agit pas, bien entendu, de se réformer soi-même. Ce généraux effort serait invraisemblablement beau ; il s’agit