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mais le déficit à sa charge ne fut cette fois que de 1 800 francs. L’Association végéta jusqu’en 1906, en équilibrant difficilement son budget qui se soldait à cette époque par 200 francs de dettes. Depuis lors, elle avait graduellement prospéré et possédait, à la fin de 1913, 100 000 francs de réserves.

Son caractère a, dans l’intervalle, quelque peu varié : sur ses-2 000 membres, qui appartiennent à toutes les classes sociales, 350 s’occupent de l’article de Paris et 150 seulement du jouet, les autres appliquent leur génie inventif à des instrumens de toute sorte ; plusieurs ont connu la célébrité, tel Fernand Forest, qui avait créé un moteur d’automobile. Parmi les jouets mécaniques que l’on voit dans la rue entre les mains des camelots, il n’y a guère chaque année que six ou sept modèles sensationnels ; encore ne sont-ce pas toujours ceux-là qui ont le plus grand succès. Le « canon qui tue le Boche dans la tranchée » semble trop cher à 65 centimes, tandis que le petit « soldat français jonglant avec la tête de Guillaume, » à 10 centimes, est le dernier mot de la vogue. Il ira peut-être à 2 millions d’exemplaires, avec de légères variantes : en Angleterre, au lieu d’un Français, c’est un soldat anglais et, pour les Indes, un soldat hindou qui se livre au même exercice. Le mouvement ingénieux, communiqué à un bout de bois ou de carton par un caoutchouc enroulé sur du fil de fer, peut valoir à son auteur une petite fortune, à la condition d’exploiter lui-même son idée.


IV

Ce fut le cas de l’inventeur du cri-cri en 1876, qui gagna ainsi 50 000 francs. Ch. Rossignol, simple ouvrier mécanicien établi à son compte vers la fin de l’Empire dans le quartier du Combat, avait imaginé des amorces en papier, des sifflets et autres menus objets destinés aux baraques du nouvel an, lorsque le succès sans précédent de son cri-cri, qu’il avait eu soin de faire breveter et que les camelots débitèrent par centaines de mille, lui fournit les capitaux nécessaires à la création d’une industrie dont Nuremberg avait eu longtemps Le monopole.

Aux petits bibelots de fer pour les bazars à prix fixes depuis cinq centimes la pièce, il adjoignit les soldats et animaux en