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commune, la bijouterie d’imitation, etc. Le record des maisons séquestrées est actuellement battu par les magasins austro-allemands de bijouterie en faux. Rien ne désignait plus spécialement l’Allemagne à réussir dans ces divers domaines. L’abondance du charbon et le bas prix de la main-d’œuvre favorisaient son essor, mais les barrières douanières semblaient s’y’opposer et elle avait su passer outre.

Il n’y avait aucune raison de principe pour que nous importions de chez elle les neuf dixièmes des crayons que nous consommons ; si bien que, depuis la guerre, la pénurie de crayons les a fait monter en France de 9 à 26 francs la grosse. Il n’y avait aucune raison pour que tous les plumiers de bois verni, dont la vente annuelle se chiffre par 600 000 francs, vinssent d’Allemagne jusqu’à ces dernières années. Et, en effet, il a suffi qu’une seule maison à Saint-Claude (Jura) entreprît cette fabrication pour que nous cessions d’être tributaires de nos voisins, sauf pour le plumier de bois d’olivier, dont la matière pourtant leur vient de chez nous.

Rien ne prouve que nous ne serions pas capables de fabriquer comme eux, pour les bazars, des chaussettes à 4 sous, des canifs à 2 sous, des marteaux à un sou et, pour l’usage des peuplades africaines, des ciseaux à un centime la paire, — 1 fr. 50 les douze douzaines. — Il fut un temps, pas très éloigné, où les gants de coton allemands s’étaient emparés du marché français, malgré la douane, de 900 francs les 100 kilos, correspondant à un droit d’entrée de 0 fr. 40 centimes par paire. Hier encore, avec ou sans approbation de l’ « ami Luther » et du « bon vieux Dieu allemand, » toutes nos vierges de porcelaine et généralement les objets de « sainteté » de nos pèlerinages, comme aussi les souvenirs ou bibelots divers en porcelaine de nos stations thermales, étaient de fabrication germanique.

En ce qui concerne le jouet, la mainmise de l’Allemagne sur cette industrie est récente : de 6 000 quintaux en 1895, de 8 000 il y a quinze ans, ses envois en France étaient montés à près de 20 000 quintaux en 1912. Ils avaient, il est vrai, baissé en 1913 à 15 400, correspondant à une valeur approximative de 8 millions et demi de francs. Comme la vente des jouets au public monte annuellement en France à une quarantaine de millions de francs, sur lesquels le bénéfice du détaillant est d’environ 33 p. 100, la somme encaissée par les fabricans ou