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SOUVENIRS
D’AVANT ET D’APRÈS LA GUERRE DE 1878-1878[1]

J’ai écrit séparément, il y a une quinzaine d’années, mes souvenirs personnels sur la guerre de 1877-1878, durant laquelle, en ma qualité de directeur de la Chancellerie diplomatique du grand-duc Nicolas, commandant en chef, j’avais pris une part plus ou moins active aux affaires politiques et ai pu surtout voir et connaître beaucoup de choses intéressantes et même importantes. Je veux consigner ici mes souvenirs relatifs à l’époque qui a précédé la guerre et à celle qui l’a suivie, où il m’a été également donné de voir de près se dérouler une partie des événemens, ceux qui étaient liés à l’activité de l’ambassade de Constantinople, dans laquelle j’occupais, sous le général Ignatieff, le poste de conseiller, et que j’ai même dirigée comme chargé d’affaires dans des momens importans.

Envoyé en courrier auprès de l’empereur Alexandre II à Ems, en mai 1875, j’avais fait après cela une cure à Kissingen et revins à Constantinople, rappelé un peu brusquement par le général Ignatieff, qui avait hâte d’aller en congé. Je n’avais passé que peu de jours avec l’ambassadeur ; tout paraissait calme ; il pouvait s’éloigner en toute sécurité, lorsque, au

  1. M. de Nélidow, qui a laissé de si sympathiques souvenirs à tous ceux qui l’ont connu comme ambassadeur de Russie à Paris, a écrit des souvenirs inédits, dont on appréciera l’importance par le passage que nous en publions. Il a été rédigé en 1896, et se rapporte aux événemens qui ont précédé et préparé la guerre russo-turque de 1877-1878, terminée par le Congrès de Berlin. L’intérêt en est redevenu actuel. On y trouvera en effet l’origine d’une crise qui, en Orient, après des péripéties de près de quarante années, semble sur le point d’atteindre aujourd’hui son dénouement définitif.