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d’égards pour ses alliés, mais fort empressé de même envers l’empereur de Russie, très déférent et affectueux envers la reine Victoria, sa grand’mère, courtois aussi, avec une pointe de coquetterie, envers la France. C’est durant cette période qu’il invite les gouvernemens russe et français à se faire représenter aux fêtes d’inauguration du canal de Kiel, qu’il tient à ce que l’Allemagne participe aussi largement que possible à l’Exposition Internationale de Paris en 1900, qu’il saisit ou recherche mainte occasion de témoigner à la France et aux Français le désir qu’il a de leur plaire, de les flatter.

Il est vrai qu’à ces mêmes dates, ainsi que l’étrange interview publiée en 1908 par le Daily Telegraph a permis de le découvrir, ce souverain jouant ainsi les Célimène ne tenait pas derrière les gens, peuples ou chefs d’État le même langage tenu par-devant eux et qu’en somme par les confidences, révélations, promesses faites aux uns et aux autres, il ne se faisait pas, comme Célimène, scrupule de tromper et de décevoir tout le monde. La période en apparence la plus pacifique, la plus aimable, la plus prodigue en manifestations courtoises et gracieuses, de l’Empire d’Allemagne, aura été ainsi l’une de celles où l’Empereur se sera le plus fiévreusement dépensé en machinations et intrigues de toute sorte. C’est aussi celle où, par ce jeu qui ne devait pas tarder à être divulgué, il aura le plus sûrement préparé l’heure du revirement, l’heure où, le masque tombant, la vraie personne est apparue.

L’Allemagne avait, pendant ces quinze années, et sous ces dehors, continué à forger à tour de bras son armée de terre et sa flotte. Elle avait poussé ses deux alliés à accroître de même leurs armées et leurs escadres. Elle avait donné à sa marine marchande, à son commerce, à son industrie, à ses banques une puissante et redoutable expansion. Elle avait établi dans le monde entier ce vaste réseau d’espionnage universel qui la rendait peu à peu maîtresse de tous les marchés et qui aussi, par cette sorte de tactique et d’occupation d’avant-guerre, lui préparait ses étapes d’agression. Elle exerçait d’avance sur les neutres une influence et s’assurait une emprise dont ils auraient grand’peine à s’affranchir. Quant à ses ennemis déclarés ou à ceux qu’elle pouvait craindre de voir se tourner contre elle, ou bien elle s’efforçait de les engager dans des entreprises difficiles, propres à les absorber, ou bien elle s’ingéniait à