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LA GUERRE ALLEMANDE
ET
LE CATHOLICISME[1]


I

Un livre, ou plutôt une collection d’articles, publié par Mgr Baudrillart, recteur de l’Institut catholique, apportera à ses lecteurs, en cette terrible année, quelque réconfort.

Horrible année, en même temps qu’admirable, où les vieux vaincus de 1870 célèbrent et pleurent en même temps une revanche longtemps souhaitée, mais payée au prix du sang le plus pur de la jeunesse. Pourquoi ces immenses sacrifices ? De notre côté, il y fallait consentir, ou n’avoir plus de patrie !

Mais il n’est plus question dans ce livre de discuter les causes de la guerre. Car jamais problème historique ne fut plus complètement élucidé : agression, guet-apens, attentat, les Allemands ont le choix des mots. Eux-mêmes ne semblent plus chercher de justification que dans les œuvres de leurs écrivains nationaux, les Sybel, les Treitschke, les Bernhardi… Et quand nous jetons les yeux sur les écrits de ces apôtres de la Prusse, nous demeurons stupéfaits. Exalter la force pour elle-même, sans raison à faire prévaloir, sans cause à servir ; célébrer la brutalité pour elle-même et par principe, nous paraîtra toujours un langage incompréhensible. Nous voulions vivre, a dit l’empereur Guillaume, souverain d’un État dont le commerce avait décuplé depuis trente ans. On nous empêchait de vivre ! Et l’Allemagne, sous ce prétexte, est devenue la puissance meurtrière la plus efficace que le monde ait encore connue !

  1. L’ouvrage auquel se rapporte cet article a paru sous ce titre en un volume. gr. in-12, à la librairie Bloud et Gay.