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familles gênées. Dans toutes, la situation de celles-ci, au point vue du nombre des enfans, devrait être envisagée comme une considération capitale.

Par exemple, la question du logement de la population ouvrière est une de celles qui préoccupent le plus, à bon droit, les pouvoirs publics. Des exemptions d’impôts et des subsides sont accordés, par l’Etat ou par les villes, pour les habitations à bon marché. Ce mouvement est très louable, à la condition qu’il n’aille pas jusqu’à détourner les capitalistes de construire des maisons de rapport pour les ouvriers, comme placement ; car, s’il fallait que les villes prissent à leur compte, d’une manière directe ou indirecte, la tâche de loger toute la population ouvrière, nul budget n’y suffirait, avec les frais qu’entraînent et les difficultés de recouvrement que comportent les œuvres municipales. Or, il y a une première restriction de l’intervention de l’Etat ou des villes dont la légitimité saute aux yeux, car il n’existe aucune raison pour que les célibataires ou les ménages n’ayant pas plus de deux enfans soient logés à un prix inférieur au prix de revient du service qui leur est rendu, dans les conditions normales.

On conçoit cependant l’utilité, au point de vue moral, d’œuvres spéciales assurant un logement convenable aux jeunes filles isolées. En dehors de ce cas, seules les familles ayant trois enfans ou davantage rencontrent réellement, à se loger, des difficultés qui justifient l’intervention de la puissance publique. Les dégrèvemens et les subventions devraient être réservés aux édifices recevant uniquement ces familles ; tout au plus pourrait-on y conserver celles qui, ayant pris un logement avec trois enfans, les auraient perdus, placés au dehors ou mariés. Ainsi limitée, l’œuvre ne viserait plus que des besoins réels et justifiés ; elle pourrait alors se développer suffisamment pour subvenir à la plupart d’entre eux.

L’allocation de bourses ou la remise de frais d’études est encore un des actes de la puissance publique qui peuvent influer sur la natalité. Quand il s’agit de sujets véritablement exceptionnels, il y a un tel intérêt, pour le progrès intellectuel d’un pays, à leur donner les moyens de pousser leurs études aussi loin que possible, qu’aucune condition n’y doit mettre obstacle. Mais, en dehors de ce cas, la plupart des boursiers sont des sujets moyens, qui sans doute doivent justifier de leur aptitude