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depuis une trentaine d’années. Une tendance marquée au relèvement se manifestait déjà, depuis quelque temps. La hausse considérable que va entraîner, pour une longue période, l’énorme destruction de capitaux causée par la guerre, rendra les versemens bien plus productifs et encouragera à les grossir les personnes que des charges de famille n’en empêchent pas. Il sera temps de revenir pour elles aux subsides de l’Etat, si on le juge utile, à l’époque lointaine où les pertes actuelles seront réparées et où le taux de l’intérêt reviendra entre 3 et 3,5 p. 100, pour les placemens les plus sûrs.

Si la situation des finances publiques permet de ne pas retenir pour le budget l’économie à attendre de la suppression ou de la réduction d’une grande partie des allocations, il est un emploi à en faire, aussi juste qu’utile : c’est l’institution d’allocations sérieuses et régulières pour les orphelins des assurés morts prématurément. La crainte de laisser des enfans dans la misère est un des obstacles que rencontre, dans les ménages prudens, le développement de la natalité. En limitant à l’âge de 13 ans, au-dessous duquel le travail des enfans est interdit, le droit à cette allocation, elle n’entraînerait pas des charges excessives pour le budget. S’il est un état de gêne qui mérite la sollicitude de la puissance publique, c’est celui de la veuve laissée sans appui avec de jeunes enfans. C’est pourtant le dernier dont se préoccupent les lois de solidarité sociale, dans tous les pays, apparemment parce qu’il concerne des familles où il n’y pas d’électeurs.

Ce point n’est pas le seul sur lequel nous voudrions voir élargir les subsides de l’Etat, que nous demandons de restreindre dans les cas indiqués ci-dessus. La loi du 14 juillet 1913 organise l’assistance aux familles nombreuses, en prévoyant des secours de 60 a 90 francs par an, pour chaque enfant au-delà de trois n’ayant pas atteint l’âge de 13 ans, quand le chef de famille n’a pas les ressources nécessaires pour les élever. Pour être efficace, il faudrait que l’allocation commençât dès le troisième enfant. Elle pourrait alors être réduite à 50 francs dans les campagnes, à la condition d’être maintenue entre 60 et 90 francs dans les villes. Il faudrait surtout qu’elle eût le caractère, non d’un secours donné aux indigens, mais d’une allocation acquise à tous les travailleurs. Ce n’est pas la misère, l’expérience le prouve, qui arrête la natalité ; c’est la