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et des inégalités vraiment indéfendables. Supposons que la taxe soit fixée uniformément à 10 francs par an et due par tout célibataire mâle, ayant atteint l’âge militaire, dont le revenu n’atteint pas 5 000 francs, par tout ménage dont le revenu est inférieur à 7 000 francs, s’il n’a pas d’enfans, à 8 000 francs, s’il n’a qu’un enfant, — qu’il y ait, au contraire, exemption absolue jusqu’à. 8 000 francs pour un ménage ayant deux enfans, avec augmentation de 2 000 francs du revenu exempté par enfant en sus du second. Ces dégrèvemens, combinés avec les réductions du taux de l’impôt prévues par la loi du 15 juillet 1914, constitueraient des avantages d’autant plus sérieux qu’il sera sans doute impossible de ne pas accroître sensiblement, après la guerre, le taux très modéré de l’impôt sur le revenu. Qu’on en soit ou non partisan en principe, on ne peut guère espérer le voir supprimer ; tout ce qu’on peut demander, c’est que le taux n’en soit pas trop grossi. S’il devait l’être notablement, il faudrait majorer les réductions déjà prévues dans le taux de l’impôt et fondées sur le nombre des personnes à la charge du contribuable. Avec les diverses modifications que nous indiquons, l’impôt sur le revenu prendrait au moins en partie le caractère d’un impôt sur les célibataires, et les ménages sans enfans, croissant rapidement avec leur fortune.

Les diverses mesures préconisées ci-dessus seraient en opposition avec cette conception, très répandue, que l’ouvrier ne doit pas aller chez le percepteur. Mais leur efficacité résulterait précisément du fait que la dispense de cette pénible démarche serait ainsi attachée à la paternité. Il y aurait là un signe frappant, mettant en relief le principe que celui-là seul peut être exempté d’impôt direct qui s’est acquitté envers la patrie d’une autre manière.

Sans doute, la multiplicité des cotes accroîtrait la tâche de l’administration des contributions directes, qui va être déjà très chargée par la mise en vigueur de l’impôt sur le revenu, et aussi le travail des percepteurs. Après les pertes subies au feu, toutes les administrations vont avoir grand’peine à accomplir une besogne accrue par tant de ruines à réparer. Mais des rôles comportant une taxe fixe pour la plupart des contribuables, se substituant d’ailleurs dans un très grand nombre de cas à ceux de la contribution personnelle actuelle,