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LA TÂCHE DE DEMAIN

LA POPULATION

Tandis que, de la mer du Nord aux Vosges, tous les Français encore jeunes offrent leur vie avec un héroïsme tranquille et joyeux pour la patrie, la liberté et la civilisation, c’est le devoir de ceux que leur âge retient loin des combats de songer à l’œuvre réparatrice du lendemain de la guerre. Cette œuvre sera double, puisque le plus pur de notre sang coule à flots chaque jour, en même temps que s’accumulent les dépenses et les ruines. Elle sera d’autant plus difficile qu’un véritable retour à la barbarie pousse les destructions matérielles bien au-delà de ce qu’imposent les nécessités de la lutte, et ajoute volontairement des femmes et des enfans à la liste des morts.

Les richesses perdues sont peu de chose, pour un peuple qui sait travailler et épargner. Nous sommes fondés, d’ailleurs, à compter que les dépenses publiques imposées à tous les Alliés et les ruines privées multipliées à plaisir en Belgique, en France, en Pologne, en Serbie, retomberont à la charge de leurs auteurs responsables.

Pour remplacer les hommes, c’est sur nous-mêmes qu’il faut compter. Certes, le sol et le climat de la France auront toujours assez de charmes pour attirer à l’intérieur de ses frontières autant d’hommes qu’elle en désirera ; notre pouvoir d’assimilation est assez grand pour transformer en véritables Français, dès la première ou la seconde génération, un nombre notable d’immigrans. Mais il ne faut pas que ce nombre soit