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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Depuis quelque temps, nous n’avons pas eu à parler beaucoup des opérations militaires : elles marchaient avec lenteur, et la situation générale en était peu modifiée. Une grande somme de courage était dépensée, mais les résultats qui se préparent n’ont pas encore été acquis : on attendait le printemps que lord Kitchener a indiqué, dit-on, comme devant être le vrai commencement de la guerre. Cependant quelques actions récentes et heureuses ont eu lieu et, dans le nombre, il faut particulièrement signaler le brillant succès que les Anglais ont obtenu à Neuve-Chapelle. Sur toute la longueur de l’immense front, toutes les opérations ont d’ailleurs tourné à notre avantage, en ce sens que nous avons continuellement repoussé les assauts de l’ennemi et maintenu nos positions. Ce n’est même pas assez dire, car nous avons avancé sur de nombreux points et n’avons guère reculé sur aucun. Néanmoins, la guerre a un peu présenté en France, dans ces derniers mois, le caractère du statu quo. C’est du moins l’apparence des choses, c’est ce que tout le monde voit : ce qu’on voit moins, mais n’en est pas moins très réel, c’est que nous avons profité de ce temps de répit pour réparer les insuffisances de notre préparation initiale et que cette œuvre nécessaire est aujourd’hui à peu près accomplie. Nous sommes devenus plus forts : en est-il de même de l’ennemi ? Contrairement à la nôtre, sa préparation était parfaite à l’origine ; mais depuis, dans l’obligation où il s’est trouvé de faire face à la fois sur deux fronts très éloignés l’un de l’autre, sa force première n’a pu que diminuer ; son matériel militaire semble être devenu de qualité moins bonne ; ses pertes en officiers et en sous-officiers sont très supérieures aux nôtres ; enfin il commence à éprouver, à l’intérieur, les premiers symptômes de cette difficulté de vivre qui use finalement toutes les résistances. Ce sont là quelques-uns des motifs de notre confiance, qui n’a jamais été plus