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LA SCIENCE ALLEMANDE
ET
LE DROIT DE LA GUERRE

Je ne suis pas un contempleur de la science allemande. Dans le domaine du droit public, et particulièrement dans le compartiment du droit des gens, elle a rendu des services incontestables. À la vérité, il est rare que les Français puissent tirer grand profit des idées qu’elle développe et des constructions qu’elle édifie. Ces idées sont peu claires et ces constructions généralement plus laborieuses que fondées et utiles. Mais la littérature juridique allemande, par l’ampleur de ses informations, par son goût des recherches approfondies comme par l’effort qu’elle apporte à les mener à bien, est consultée avec fruit par tous ceux que préoccupent les problèmes de cet ordre.

La juste réprobation que soulève contre l’Allemagne la conduite odieuse de ses troupes au cours de la guerre actuelle ne modifie pas mes sentimens sur ce point, mais aussi cette déclaration montrera-t-elle que les appréciations qui vont suivre sont étrangères à tout parti pris.


I

Depuis longtemps déjà, plus d’un siècle, la science allemande a inauguré, en matière de droit de la guerre, une doctrine étrange, paradoxale, et qui, on le verra, aboutit à couvrir d’un appareil somptueux et compliqué la négation même de tout droit, cette doctrine est peu connue en France : si elle