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discuter plus librement les moyens employés. Ce résultat final, nous pouvons, je crois, l’escompter sans trop de témérité ; mais, qu’on permette à un marin de le dire, c’est par l’étroite combinaison des efforts du corps expéditionnaire et de la flotte que le succès sera le plus sûrement atteint et le moins chèrement. C’est l’opinion que j’exprimais ici même, il y a un peu plus de deux ans, lorsque les Grecs semblaient se préparer à forcer les Dardanelles[1]. Je ne vois pas de raison de modifier les conclusions de mon étude d’alors.

Contre-amiral DEGOUY.


P.-S. — Le 18 mars, les escadres alliées ont entrepris la destruction des ouvrages du défilé Tchanak-Nagara. Au cours d’un violent combat, les trois cuirassés Bouvet, Océan, Irrésistible (ces deux derniers anglais) ont été coulés par des mines sous-marines, flottantes et fixes, ou dérivantes. Deux autres unités, le Gaulois et l’Inflexible (anglais) ont reçu de graves avaries.

Bien que les forts de Kilid Hahr et de Tchanak aient été à peu près ruinés, l’opération, entravée dès le lendemain par le mauvais temps, n’a pas eu le succès qu’on s’en était promis.

Avec la ferme résolution de surmonter tous les obstacles et de venger leurs camarades glorieusement disparus, les marins alliés recommencent à draguer les mines et l’on prend des dispositions pour parer au danger des torpilles dérivantes, dont l’emploi est d’autant plus indiqué pour les défenseurs du détroit que le courant permanent des Dardanelles pousse ces engins sur les navires assaillans.

Des renforts arrivent d’ailleurs au vice-amiral de Robeck, successeur du vice-amiral Carden. Le corps expéditionnaire s’organise activement tout près des Dardanelles. De quelque côté du détroit que se produise l’action de cette force armée, son intervention donnera à l’opération les garanties de réussite les plus complètes que l’on puisse rechercher à la guerre.


C.-A. D.

  1. Voyez, dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier 1913. Ce qu’on peut faire avec une marine.