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leurs titres à l’autonomie leur offrait l’occasion favorable pour invoquer les leurs. Du parlement magyar, de la Diète transylvaine, composés comme nous venons de le dire, ils ne pouvaient rien attendre ; dans leur loyalisme, ils s’adressèrent à l’Empereur, et ce loyalisme ne les trompa pas. Ce fut au jour fixé par le gouvernement de la principauté, devant deux commissaires royaux que 40 000 d’entre eux s’assemblèrent le 15 mai 1848 à Blache (Blasendorf), au centre du roumanisme, sous la présidence de Siméon Barnoutz. Cette assemblée adopta une pétition des droits en cinq articles, qu’il faut connaître en substance pour apprécier la nature et la portée des revendications roumaines du moment. Représentation proportionnelle dans la Diète et le personnel administratif, judiciaire et militaire ; libre emploi de la langue ; assemblée nationale annuelle ; Comité national permanent ; substitution du nom légal de Roumains à celui de Valaques qui rappelait l’ancienne servitude ; indépendance de l’Eglise sans distinction de confessions, rétablissement de la métropolie et des synodes annuels ; abolition des corvées et des autres entraves de l’agriculture ; liberté de l’industrie et du commerce ; liberté absolue de parler et d’écrire ; liberté individuelle ; droit de réunion et. d’association ; procédure publique et orale, jury criminel ; service universel et garde nationale ; écoles secondaires et supérieures aussi bien subventionnées que celles des autres races ; dotation du clergé ; répartition égale des charges fiscales ; élaboration d’une constitution et d’une législation nouvelles sur les bases de la liberté, de l’égalité et de la fraternité par une assemblée ; réserve exclusive de la question de l’union a la nationalité roumaine, c’est ainsi que les Roumains mêlaient dans ce programme les préoccupations nationales et les dogmes démocratiques qui en marquent bien la date. En même temps qu’elle votait cette sorte de déclaration des droits, l’Assemblée constituait un comité national exécutif. Les espérances qui s’attachaient à cette initiative politique ne durèrent pas longtemps. Quand les délégués de cette Assemblée se rendirent à Innsbrück pour remettre au Roi ces revendications, ils apprirent officiellement que la Diète transylvaine avait voté l’union (30 mai). On leur annonçait, pour les consoler, qu’une loi particulière allait leur donner satisfaction sur la question des fonctionnaires : on eut même la prévenance de les inviter à prendre part aux travaux de la commission chargée