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persécutions religieuses avaient eu leur part dans les malheurs de la population sujette. Ce fut d’abord la confession orthodoxe et la confession catholique qui eurent à souffrir du prosélytisme luthérien et calviniste. L’ascendant des Habsbourg dans la principauté et son incorporation ne profitèrent pas au catholicisme autant qu’on aurait pu le croire. Après la bataille de Zentha. le métropolitain orthodoxe, Théophile, obéissant à l’influence des jésuites, convoqua en 1697 un synode de l’Eglise roumaine de Transylvanie et lui fit accepter l’union. Elle impliquait l’adoption des dogmes de l’Eglise romaine, non celle de la liturgie qui, pour ménager les habitudes, ne changeait pas. Ce ralliement au romanisme fut confirmé par les soins du successeur de Théophile, Athanase Anghel (1697-1714). L’Autriche y poussait naturellement beaucoup et faisait espérer que la conversion des Roumains les relèverait de certaines incapacités civiles et politiques. Ce fut l’archevêque roumain de Transylvanie, Innocent Micou, qui, de 1730 à 1731, se voua à la tâche de multiplier les uniates et d’obtenir, pour eux les avantages matériels qu’on leur avait fait espérer. Mais ses efforts, qui ne tendaient à rien moins qu’à faire admettre les Roumains comme nation à côté des Magyars, des Saxons et des Szeklers, rencontrèrent auprès de la Diète une telle résistance que Marie-Thérèse, qui s’était portée garante des promesses faites par lui, dut renoncer à le soutenir. Le roumanisme ne laissa pas de profiter indirectement de cette tentative. Si le mouvement d’union dirigé par Micou sous le patronage de la couronne ne procura pas aux Roumains l’amélioration matérielle de leur sort et ne prit pas l’extension qu’on aurait pu prévoir, le clergé catholique qui en sortit donna à la vie intellectuelle une vive impulsion. Elle aboutit à la création d’une école d’historiens nationaux, qui, en rendant les Roumains plus fiers de leur passé, leur donna a un plus haut degré le sentiment de leurs devoirs envers l’avenir. Ce fut la Transylvanie qui eut la gloire d’être le berceau de cette renaissance intellectuelle et nationale, le séminaire de Blache en fut le centre. Elle est représentée surtout par trois historiens, Samuel Micou, Georges Schinkaï et Pierre Maior, qui apprirent à leurs compatriotes leurs origines et les titres de leur émancipation.

Le successeur de Joseph II, Léopold II, se prêta, en la modérant, à une réaction contre la politique réformiste, centraliste