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LA TRANSYLVANIE
INDÉPENDANTE ET SUJETTE

Dans cette Autriche composite dont la durée fut le triomphe de l’art d’administrer et de s’adapter aux exigences de la mauvaise fortune, il y a un élément qui apparaît comme réfractaire au système dualiste qu’elle a adopté comme son dernier recours contre le démembrement : c’est la Transylvanie. Le bruit qui se fait autour d’elle ne dépasse pas son importance politique. Un coup d’œil sur son passé ne peut qu’accroître cette importance, en rappelant les titres de ses revendications actuelles. Il n’est peut-être pas sans intérêt pour elle et pour nous qu’on sache davantage qu’en ce qui la concerne, c’est l’indépendance qui est ancienne, l’oppression qui est nouvelle, que sa nationalité s’est formée longtemps avant que le souci de la défendre prit la première place dans son histoire. La Hongrie et la Transylvanie ont eu un ennemi commun, l’Autriche, et la lutte contre les Habsbourg, soutenue à la fois par l’une et par l’autre, risque de faire oublier les conflits de race et de classe qui ne permettent pas de confondre, même avant que les premiers aient pris pleine conscience de leur nationalité, Roumains et Hongrois. En même temps qu’elles montreront les origines lointaines de l’irrédentisme roumain, les pages qu’on va lire rappelleront l’attention sur cette singulière république aristocratique des Carpathes que la politique européenne faisait entrer dans ses combinaisons et qui, sur le théâtre des luttes gigantesques auxquelles nous assistons aujourd’hui, disputait son indépendance aux Ottomans et aux Autrichiens.


Après que les Russes, maîtres de la Bukowine, eurent