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PIERRE LEROY-BEAULIEU


I

Pierre Leroy-Beaulieu naquit le 25 septembre 1811, à Montplaisir, dans cette résidence de l’Hérault, qui est devenue le second berceau de sa famille, dont la ligne paternelle était originaire de Lisieux, en Normandie. Cet ancien rendez-vous de chasse avait été acquis, au début du XIXe siècle, par M. Barbot, grand-père de Mme Michel Chevalier, qui fabriquait des draps de troupe et s’était associé son gendre Fournier, teinturier. La famille de ce dernier fut à peu près ruinée par la Révolution : on raconte qu’il se trouva un jour en face d’une chambre remplie d’assignats, reçus en paiement de ses fournitures, et qui avaient alors perdu toute valeur. C’était une leçon d’économie politique donnée par avance à ses illustres descendans. Sous le premier Empire, la fortune se rétablit. La résidence de Montplaisir fut agrandie. Plus tard, Michel Chevalier s’occupa beaucoup du domaine : il y fit de nombreuses plantations, que son gendre Paul Leroy-Beaulieu continue avec amour ; il sait que les arbres sont aussi nécessaires à un pays que les enfans, et il prêche d’exemple en multipliant les pins et les chênes verts autour de sa maison, dans un rayon qui va sans cesse en augmentant. Au cours de ses promenades matinales, celui en qui nous saluons le chef incontesté de la science économique française se plaît à examiner chacun de ses baliveaux et mesure la croissance des jeunes plants. En veillant ainsi sur les bois dont le développement doit profiter à toute une région, il témoigne de cet heureux mélange de science et de pratique, qui donne à ses travaux un caractère si particulier et ajoute à la force de la théorie celle de sa confirmation expérimentale.