La Prusse est avant tout un État militaire, et depuis 1871 le militarisme prussien s’est appesanti sur le Sud de l’Allemagne, renommé autrefois pour les mœurs paisibles de ses habitans. L’esprit guerrier des Prussiens est le fruit de la politique de leurs souverains, électeurs de Brandebourg, puis rois de Prusse. L’Électeur contemporain de la guerre de Trente Ans, Georges-Guillaume, n’y avait joué qu’un rôle effacé, cherchant à préserver ses États et son indépendance de l’étreinte des Suédois et des Impériaux, louvoyant péniblement entre Gustave-Adolphe et Ferdinand II. C’est le Grand Électeur, Frédéric-Guillaume, qui personnifia le premier les ambitions territoriales de sa maison. Pour les réaliser, il comprit la nécessité de posséder une forte armée permanente, hors de proportion avec les dimensions et l’importance de son électoral Elle lui permit de figurer parmi les adversaires de Louis XIV et de porter, à la bataille de Fehrbellin, un coup mortel à la réputation et à la puissance des Suédois en Allemagne. L’armée prussienne était créée. Elle avait servi à ce prince belliqueux à agrandir son domaine et à le rendre assez considérable pour pouvoir être érigé en royaume en faveur de son successeur, Frédéric Ier, qui obtint de l’empereur Léopold une couronne royale pour prix de son appui militaire et financier.