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REVUES ÉTRANGÈRES

L'EX-KHÉDIVE D’ÉGYPTE, JUGÉ PAR UN TÉMOIN ANGLAIS DE SON RÈGNE


Abbas II, par le comte de Cromer, un vol. 8°, Londres, 1915[1].


Lorsque, le 7 janvier 1892, le « Consul Général » anglais en Égypte, lord Cromer, apprit l’aggravation survenue brusquement dans l’état de santé du khédive Tewfik, il s’empressa de réunir en conseil les principaux ministres égyptiens, ainsi que deux ou trois de ses propres assistans ; et il fut reconnu là, d’un parfait accord, que la succession du Khédive mourant devait échoir à l’aîné des fils légitimes de celui-ci, le jeune prince Abbas. Le fait est que, pour des motifs divers, — dont les plus pressans étaient la crainte d’une velléité d’intervention du Sultan dans les affaires égyptiennes et la crainte, non moins justifiée, d’intrigues déjà en train de s’ourdir à l’intérieur du pays, — lord Cromer regardait comme indispensable de proclamer le nouveau souverain dès l’instant où serait annoncée la vacance du trône. Mais il comprenait aussi les dangers qu’entraînerait, pour les mêmes motifs, l’obligation de laisser instituer autour du nouveau Khédive un Comité de Régence ; et le malheur voulait que le prince Abbas, né le 14 juillet 1874, eût encore à attendre un peu plus de six mois l’âge réglementaire de sa majorité. De telle sorte que l’embarras du Consul Général anglais était grand, trop grand sans doute pour

  1. Ma profonde incompétence politique suffirait, à elle seule, pour m’empêcher de prendre à mon compte aucune des opinions de lord Cromer. Mais après le grand rôle qu’a joué longtemps en Égypte l’ancien Consul Général anglais, il m’a paru intéressant d’offrir aux lecteurs français le résumé d’un livre dont la publication dans son pays a d’ailleurs été, sans aucun doute, le principal événement littéraire de ces mois passés.