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années de service militaire. Mais un décret ne résout pas toute difficulté. La cherté des vivres sévit à Ferryvjlle[1] comme en France, et les logemens, presque introuvables, restent inaccessibles aux petites bourses. D’eux-mêmes, les ouvriers ont créé une « cité maritime, » agglomération d’habitations à bon marché, sur un terrain concédé par la Marine.

Cette organisation n’ayant pas donné toute satisfaction, une décision du 17 juillet 1913 a supprimé l’emploi de la main-d’œuvre militaire à Sidi-Abdallah.

Enfin, l’Etat a réparti dans les divers services 350 Baharia, matelots indigènes engagés pour trois ans ; d’où, réduction des frais de transport que nécessite le va-et-vient continu du personnel entre Bizerte et Marseille.

En somme, l’exploitation de l’arsenal n’est pas encore normale. Dix ans après l’achat des terrains, M. Charles Bos disait avec raison : « Nous avons à Bizerte un arsenal de premier ordre dans lequel il ne manque que des ouvriers et des bateaux. » Et pourtant, depuis plusieurs années, on bernait le public sous cette rubrique : « Il se confirme que l’arsenal de Sidi-Abdallah entrera bientôt en exploitation. » Plus difficiles à convaincre, les Bizertins envoyaient au Parlement une pétition qui réclamait :

1° L’exécution des dernières annexes de Sidi-Abdallah et la pyrotechnie ;

2° La mise en place de l’outillage mécanique ;

3° L’exécution du complément de l’outillage prévu ;

4° L’organisation du personnel de l’arsenal ;

5° L’achèvement des défenses de Bizerte et la mise de son arsenal à l’abri d’un coup de main. Cette pétition parait s’être égarée dans les couloirs de la Chambre.

Bizerte a déjà coûté de nombreux millions et en coûtera d’autres. On ajoute des ailes a l’hôpital, on agrandit certains ateliers, on en construit de nouveaux. Au Nord de l’arsenal, une vaste superficie attend encore son utilisation. La Marine la trouvera.

En revanche, l’administration est en pleine activité à Sidi-Abdallah. Les bureaux de l’Amirauté y ont été transférés dès 1910 et, en avril 1912, l’Inspecteur général du commissariat a passé

  1. Petite ville cosmopolite contiguë à l’arsenal.