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de 1520 à 1545, il n’y eut guère de carême durant lequel, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, un moine ne prît a partie avec violence l’Église et la hiérarchie. Au surplus, parmi tous ces moines, augustins et bénédictins, franciscains et capucins, qui tonnaient contre les abus, il n’en était guère qui songeassent d’abord à autre chose, comme on l’a dit, qu’à travailler au plus grand bien de l’Église.

Ils étaient éloquens, véhémens, habiles raisonneurs ; leur action fut grande. Les esprits restaient longtemps agités après le passage de l’un d’eux et les germes qu’ils avaient semés levaient vite ; il en fut ainsi à Naples, à Sienne, à Modène, à Lucques, a Faenza.


Les cercles littéraires, les académies alors si nombreuses en Italie, furent pour beaucoup aussi dans le mouvement protestant ; on n’y discutait pas seulement littérature et beaux-arts, à grand renfort de raisonnemens subtils et captieux ; on n’y faisait pas seulement assaut de concetti et de bel esprit, il y était parfois question de choses plus sérieuses ; on y abordait des problèmes de morale, de métaphysique, d’exégèse, de théologie. A Modène, un professeur, Grillenzone, avait fondé une académie où l’on s’entretenait de littérature grecque et latine et de théologie ; on y critiquait à l’occasion le Saint-Siège ; cependant les académiciens ne furent guère inquiétés avant 1535 ; un livre condamné ayant alors circulé dans la ville avec leur connivence, l’inquisiteur local eut mission de perquisitionner chez eux et dans les monastères, car on y disputait aussi librement que dans les académies. L’enquête n’aboutit pas. L’année suivante, un moine sicilien, Paolo Ricci, vint à Modène. Il était passionné et doué d’une parole entraînante ; les fidèles de l’académie et tous ceux qui partageaient leurs idées, se réunirent autour de lui et un foyer de protestantisme fut ainsi créé. Chacun se mit à interpréter saint Paul et saint Jean, et à consulter les Écritures saintes ; on discutait, raconte un chroniqueur contemporain, dans les salons et dans les boutiques, dans la rue et dans les églises. Il en fut bruit jusqu’en Allemagne ; Martin Bucer écrivit aux Modénois pour les féliciter. Cependant le duc de Ferrare fit arrêter Ricci. Il se rétracta, mais ses disciples persistèrent dans leurs opinions. L’académie avait pris