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LA RÉFORME EN ITALIE

Le mouvement de la Réforme n’eut pas au début en Italie les allures agressives et dogmatiques ni la violence qui le caractérisent ailleurs. Ses premiers adeptes furent pour la plupart des moines, des ecclésiastiques, ou de pieuses personnes très attachées à l’Eglise catholique, dont le seul objet était de réformer, dans l’intérêt même du Saint-Siège et de la foi, certains abus trop évidens et de s’éclairer sur certains points dont l’examen ne leur semblait pas interdit. C’est ce qui explique chez un si grand nombre d’entre eux ce mélange de déférence pour la papauté, de piété catholique et d’aspirations vers une rénovation de l’Église.

La Réforme commença par être en Italie presque inconsciente ; on ne souhaitait pas détruire le pouvoir pontifical, ni transformer la religion, mais, tout au contraire, leur donner plus de force en écartant ce qui pouvait s’y être introduit de critiquable.

D’ailleurs, l’Italie n’a guère produit de révoltés en matière de foi ; l’hérésie y eut toujours de l’humilité et y garda de la réserve ; elle fut concentrée et méditative : Joachim de Flora, Jean de Parme, fra Jacopone de Todi, furent surtout d’exquis et de doux rêveurs ; leur imagination les berçait de si enivrantes images qu’ils étaient satisfaits de vivre dans leur rêve, entourés de quelques confidens ; l’esprit d’agitation et de combat était bien loin d’eux. Savonarole excepté, la papauté ne rencontrera jamais en Italie de fougueux, d’irréconciliables adversaires.

D’ailleurs, les opinions en matière de foi et de discipline n’étaient pas aussi strictement déterminées au Moyen âge et à