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LA FAMILLE IMPÉRIALE ALLEMANDE[1]
LA COUR — LE GOUVERNEMENT


I

C’est un fait reconnu que la famille et l’entourage immédiat d’un souverain, soit par leurs conseils et leurs intrigues, soit simplement par l’ambiance d’une existence commune et par un échange journalier de pensées, exercent souvent de l’influence, — bonne ou mauvaise, — sur ses décisions politiques. Cette observation rencontre cependant des exceptions remarquables, celle de Léopold II, par exemple, parmi les rois contemporains. D’un esprit hautain et solitaire, dédaigneux des conseils et conscient de sa supériorité, le vieux monarque belge aimait à élaborer, loin de ses secrétaires et da ses officiers, dans le silence de son palais, ses projets africains les plus audacieux. Mais il y a, entre le fondateur de l’État indépendant du Congo et Guillaume II, la distance qui sépare un grand homme d’un homme bien doué. Les membres de la famille du Kaiser, les vieux dignitaires de sa cour, les compagnons favoris de ses voyages et de ses parties de chasse, ont-ils eu, avant la guerre, quelque action sur ses résolutions et encouru, de ce chef, une certaine responsabilité ? Question intéressante, qu’on peut se poser aujourd’hui.

Dans la vie de l’Empereur, les femmes ne jouent aucun rôle, sauf cependant l’Impératrice. Leur mariage a été une union politique, conseillée par Bismarck comme une fiche de

  1. Voyez la Revue du 1er mars.