Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en vigueur, on pourrait chercher à en rendre l’application moins rigoureuse, ne fût-ce que par égard pour l’admirable dévouement et l’ardent patriotisme dont tant de congréganistes donnent à leur pays des preuves journalières. On sait qu’après 1901, plusieurs milliers de demandes ont été faites par les congrégations reconnues pour régulariser la situation de leurs établissemens non encore autorisés. Ces demandes, ajournées en bloc pendant les années qui ont suivi la séparation, sont aujourd’hui l’objet d’un bienveillant examen, et, depuis quelque temps, le nombre des autorisations accordées s’est considérablement accru. Il paraît néanmoins difficile d’accorder la personnalité civile aux huit ou dix mille établissemens actuellement en instance. La vraie solution consisterait à distinguer entre les établissemens proprement dits, comportant un nombreux personnel, des ressources propres, une administration autonome et les petits groupemens composés souvent de deux ou trois membres, n’ayant pas de dotation et employés comme de simples auxiliaires par les établissemens publics, les communes, les particuliers. Ces petits essaims ne sont vraiment pas des établissemens dans le sens des lois de 1825 et de 1901, et l’on devrait revenir à une ancienne jurisprudence qui permettait aux congrégations régulièrement reconnues d’essaimer sans constituer des établissemens proprement dits et de prêter, en vertu de contrats temporaires, leur personnel aux œuvres, aux médecins, aux malades, sans mettre en mouvement la solennelle procédure d’un décret en Conseil d’État. C’est cette interprétation qui, depuis le commencement de la guerre, a prévalu par la force des choses et sans susciter aucune objection, pour les hôpitaux, ambulances, asiles de convalescens où les congréganistes prodiguent leurs soins à nos soldats blessés. Là encore, les nécessités de la guerre ont fait éclore une tolérance et une largeur de vues qui survivront, nous en avons le ferme espoir, au rétablissement de la paix. Ainsi toutes les données de cette étude convergent vers une conclusion commune : nous sortirons de cette épreuve plus unis et meilleurs, et les questions qui, hier encore, nous divisaient profondément, seront résolues dans un esprit d’apaisement, de sagesse et de liberté.

En terminant, et après avoir essayé de sonder l’avenir, si nous jetons un regard en arrière, une impression domine toutes les autres ; parmi les hommes qui ont fait la guerre de