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Un autre préjugé dont le législateur devra se débarrasser, quand on procédera à la révision de notre système fiscal, c’est l’ostracisme absolu décrété en bloc contre les contributions indirectes. Que l’on médite l’exemple des octrois qui, après avoir été supprimés dans certaines villes, ont été presque partout rétablis par les mêmes municipalités, avec de fortes majorations pour combler les vides causés par leur suppression. Qui peut répondre qu’en 1915 la rentrée des impôts directs se fera facilement et normalement ? N’ayons donc point de parti pris et soyons prêts à accepter sans murmurer tout impôt qui sera modéré, productif et facile à percevoir.

Enfin, nous espérons bien ne plus entendre parler, à la veille d’un emprunt important, de l’impôt sur la rente : ici, quoi qu’on fasse, l’incidence est fatale. Celui qui en définitive supportera l’impôt, ce n’est pas le rentier, c’est le crédit public, c’est l’Etat auquel les prêteurs feront durement sentir leur mécontentement et leur méfiance.

Ceci dit pour les recettes publiques, on peut se préoccuper aussi des dépenses et chercher à les réduire au moyen de réformes d’ordre administratif.


LA RÉFORME ADMINISTRATIVE

Le point de vue des économies n’est pas précisément celui où s’est placé le plus souvent le législateur de ces dernières années pour régler l’organisation administrative du pays. La raison en est bien simple, c’est que la plupart des réformes ont été inspirées par les fonctionnaires et faites surtout dans leur intérêt. On ne peut nier que pendant longtemps la situation des agens de l’Etat, surtout celle des petits et des plus nombreux, a été à la fois précaire et misérable. Précaire, car dans bien des cas leur nomination, leur avancement, leur révocation n’étaient soumis à aucune règle, ce qui les livrait sans défense à l’arbitraire de leurs chefs ou plutôt, ce qui était pire, des influences qui pesaient sur leurs chefs ; misérable, car les employés de l’Etat, tenus à un certain décorum, étaient les plus mal rétribués de tous les travailleurs. Leurs revendications étaient donc justes en principe et elles ont fini par être entendues. On a réglementé leur entrée et leur avancement dans les cadres et on a