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au point de vue financier, les résultats étaient très satisfaisans. Aussi bien, la Compagnie prenait des mesures pour augmenter le trafic, en établissant des agences destinées à recueillir les marchandises de sortie, en créant des entrepôts pour l’emmagasinage des produits, en établissant des services de charrettes dans la campagne, pour ramasser les marchandises destinées à prendre ensuite la voie ferrée. C’était la création d’un camionnage à l’intérieur d’une province chinoise à peine pénétrée par les Européens.

Le gouvernement allemand avait garanti aux actionnaires de la Compagnie du chemin de fer un intérêt de 4 pour 100 ; cette garantie ne devait sans doute pas avoir souvent à jouer. Durant l’année 1908, le produit brut kilométrique avait dépassé déjà 8 500 francs. Le terrain n’avait pas imposé de très grosses difficultés aux ingénieurs de la construction, à cela près que certaines rivières avaient balayé dans les débuts des ponts établis trop légèrement ; en somme, les devis prévus d’abord concordèrent sensiblement avec la réalité des choses. On avait rapidement vu le chemin de fer transporter des tresses de paille, des produits agricoles, qui venaient s’échanger à Tsing-Tao contre des cotonnades, des pétroles. Rapidement aussi, les gisemens miniers avaient commencé d’être mis en valeur, et avaient apporté leur part de trafic à la nouvelle voie ferrée.

C’est qu’en effet les capitaux, qui avaient été réunis facilement pour l’entreprise du chemin de fer, n’ont pas manqué non plus pour les entreprises minières et même pour d’autres. Il s’était créé deux Sociétés anonymes pour l’exploitation des gisemens miniers, des richesses du sous-sol. Les reconnaissances faites jadis par Richtoffen, et pleinement confirmées par les prospections des agens des diverses Sociétés fondées, avaient révélé des gisemens de charbon, de cuivre, de grès, etc. Un peu comme filiale du grand syndicat dont nous avons parlé tout à l’heure, à la fin d’octobre 1899, s’était créée, au capital de 15 millions de francs, la Société minière du Chantoung, en vue d’exploiter des concessions de mines déjà obtenues en même temps que celles qui seraient acquises ultérieurement. La concession première comprenait une zone s’étendant sur 15 kilomètres de large de chaque côté de la voie ferrée ; bientôt, dans la région de Weihsien, on y rencontra une veine de charbon de 4 mètres d’épaisseur, et on a pu se mettre à