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les rendait inutilisables contre l’établissement allemand, comme nous allons le voir. La cession à bail, ce qui était autrement intéressant, portait sur Tsing-Tao, petit port et modeste village chinois dont l’importance était à peu près nulle, mais dont les représentans de l’Allemagne avaient prévu le rôle à venir. Et comme ce Tsing-Tao se trouve à l’extrémité d’une péninsule formant un des deux bras qui enserrent la baie, l’Allemagne prenait possession de toute la presqu’île jusqu’à une rivière appelée Pai-Chao, au Nord, et à une ligne perpendiculaire à la côte et à la frontière Nord du territoire ; de manière à englober tout un massif montagneux qui permet de défendre et de bien isoler Tsing-Tao. Le terrain avait été étudié à l’avance, comme on voit.

La protection de l’Empire couvrait également la presqu’île de Haïhsi, au Sud de la baie, en face de la pointe où se trouvait Tsing-Tao ; seconde presqu’île qui n’était pas importante par elle-même, mais parce qu’elle permettait de défendre puissamment sur l’autre rive l’entrée de la baie. Enfin, bien entendu, la cession à bail comprenait des îles même au Sud de Tsing-Tao, que l’Allemagne avait considérées comme nécessaires à la défense de l’entrée des futurs arsenal et port de Tsing-Tao. Il y avait mieux encore, puisque le territoire du protectorat proprement dit était entouré d’une zone neutralisée de 60 kilomètres de large, qui n’était qu’une véritable extension de ce protectorat. Dans cette zone, les autorités chinoises ne pouvaient pas prescrire de mesures importantes sans obtenir, au préalable, l’assentiment de l’Allemagne.

Non seulement le territoire auquel on s’attaquait et la grande et puissante province de Chantoung devaient former un hinterland pour le nouveau port ; mais encore la baie de Kiaou-Tchéou et surtout le nouvel établissement que l’on créerait à Tsing-Tao formeraient une base stratégique de première valeur. Il était vraisemblable, au surplus, que les Allemands ne chercheraient pas à tirer parti directement de toute la baie ; ils établiraient des ouvrages nouveaux à Tsing-Tao même.

Cependant, cette baie pouvait fournir un abri pour les navires de commerce et les navires de guerre. Sans doute des bancs de sable s’y sont-ils formés, mais l’entrée, large de 2 kilomètres, est généralement commode ; on pouvait en compléter aisément l’éclairage, qui avait déjà été tenté par le