Quelle qu’ait pu être la satisfaction que nous avons ressentie, en apprenant que les Japonais, avec l’aide des Anglais, avaient pris Tsing-Tao, chassé les Allemands de leur puissante colonie chinoise de Kiaou-Tchéou, détruit des navires, des fortifications, capturé un riche port de commerce, mis la main sur d’importantes entreprises industrielles et commerciales dans la province du Chantoung ; nous ne pouvons généralement point nous figurer le coup porté à l’Allemagne par le succès de ce siège.
Ce n’est pas seulement l’orgueil de nos ennemis qui est atteint : ils sont frappés dans leur commerce, ils voient disparaître une possession à laquelle ils avaient consacré sans compter le temps, l’argent, la plus vive sollicitude, depuis dix-sept années. Et le prestige des Allemands dans ce milieu chinois qu’ils espéraient en somme conquérir, et qu’ils avaient si profondément pénétré, est ruiné peut-être pour toujours. On s’en rendrait déjà compte en apprenant que le président du Reichstag avait jugé nécessaire d’envoyer à l’Empereur ses condoléances spéciales pour une semblable perte ; en lisant d’autre part le commencement de la réponse télégraphique de Guillaume, dont l’amour-propre personnel a été durement frappé par un tel