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maritime. Le gouvernement et l’amirauté britanniques s’y tiennent avec ténacité et il ne semble pas que les critiques qui opposent à cette « méthode Collingwood » la « méthode Nelson, » procédant par attaques de vive force et par coups redoublés, aient pour le moment quelques chances de l’emporter.

Il ne pourrait en être autrement, — à la suite d’un irrésistible mouvement de l’opinion anglaise, — que si les sous-marins allemands réussissaient à entraver sérieusement le ravitaillement de la Grande-Bretagne et à rendre tout à fait précaires ses communications avec la France. Nous n’en sommes pas là. Il est possible aussi que lorsque l’Angleterre aura 400 000 hommes de plus sur le front, le gros de la nation sente mieux l’intérêt d’une prompte solution du conflit. Ce serait plus sûr si elle était soumise à la conscription et tout à fait certain s’il s’agissait du service obligatoire.

Nous n’en sommes pas là non plus...


Contre-amiral DEGOUY.


P.-S. — Au moment où je corrigeais les épreuves de cet article (6 janvier), j’ai eu connaissance de la déclaration de l’Allemagne relative au blocus des eaux anglaises et de la Manche. Les sous-marins allemands couleront, sans avis préalable, les navires marchands des belligérans, équipages compris.

Il pourra en arriver autant aux navires neutres, nos adversaires ne se jugeant pas tenus à la vérification du pavillon. Ils préviennent d’ailleurs les non-belligérans qu’à partir du 18 février, date à laquelle toutes les eaux entourant les îles britanniques seront considérées comme zone de guerre, « il ne sera pas toujours possible d’épargner aux personnes et aux navires des Puissances en question le danger qui les menacera... »

Ne nous attardons pas à nous indigner. Il y a mieux à faire. Voici que l’un des cas dont je parlais à la fin de mon étude va justement se produire. L’Angleterre se sent très sérieusement menacée, bien que le petit nombre des submersibles allemands, capables de croiser dans ses eaux occidentales, atténue sensiblement la portée des opérations qui se préparent. La Manche sera forcément plus accessible à l’ennemi, et ceci peut avoir