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en ce qui touche les moyens d’action de l’adversaire. J’y reviendrai.

Inutile d’ajouter qu’il n’y a rien d’exact dans les récits allemands d’après lesquels un croiseur anglais aurait été coulé. En revanche, on sait maintenant que les avaries du Seydlitz sont très graves. En fin de compte, la victoire britannique reste hors de conteste.

Malheureusement, il n’est pas douteux non plus que les sous-marins (les « submersibles » plutôt, si l’on en juge par le rayon d’action de ces bâtimens) de la marine impériale ne montrent depuis quelque temps une grande activité, que n’embarrasse, au demeurant, aucun scrupule.

Les communications officielles ou officieuses, aussi bien que les interviews d’hommes d’Etat importans auxquelles ont donné lieu les nombreuses attaques subies par les paquebots anglais, — par un navire-hôpital, même ! — dans la Manche et dans la mer d’Irlande, ne font que souligner ce qu’il y a, je ne dirai certes pas de grave, mais au moins de sérieux dans cette situation. On sait combien il est difficile, quelque active que soit la surveillance exercée par les bâtimens naviguant en surface, d’empêcher un sous-marin de franchir un espace de mer resserré comme le Pas de Calais. Il exécute ce trajet en plongée et tout est dit. S’il s’agit de l’empêcher de passer par le Nord de l’Ecosse, il ne faut même pas y songer.

J’ai déjà dit ici et je m’excuse de répéter qu’il n’y a qu’un moyen assuré de se débarrasser des sous-marins, qui est de détruire leurs bases. C’est tout justement comme pour les Zeppelins et pour les mêmes raisons, à peu près. Que la base de Zeebrügge existe encore, comme il est probable, c’est un motif d’étonnement. C’en pourrait être un autre qu’il en soit de même de celles de la côte allemande, qu’il était aisé pour la flotte anglaise de forcer par une attaque brusquée au début des opérations. Mais ici il convient de reconnaître que des questions de haute politique sont entrées en jeu, sur lesquelles on ne pourra s’expliquer que plus tard. En tout cas, le problème reste posé. La solution en est évidemment plus difficile aujourd’hui que le 4 ou le 5 août. Il s’en faut qu’elle soit impossible.

En fait, nous nous trouvons en présence d’une méthode de guerre définie et parfaitement soutenable, en principe, celle de l’étouffement progressif de l’adversaire au moyen du blocus