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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le proverbe qui dit qu’il ne faut pas changer de chevaux au milieu du gué a toujours paru d’une grande sagesse, mais cette sagesse n’est celle, ni du gouvernement austro-hongrois, ni même, quoique à un moindre degré, du gouvernement allemand. Ce dernier, qui avait déjà mis de côté le comte de Moltke, vient encore de changer de ministre de la Guerre. Pourquoi le général de Falkenhayn a-t-il été remplacé par le général Wild von Hohenborn ? On ne nous le dit pas, et le fait n’a peut-être pas une grande importance. Mais ce qui se passe en Autriche-Hongrie mérite plus d’attention. Là, c’est tout un branle-bas. Le ministre commun des Affaires étrangères donne sa démission et un nouveau titulaire le remplace. Le président du Conseil autrichien disparaît à son tour et est remplacé par le ministre des Finances, gouverneur de l’Herzégovine et de la Bosnie. L’archi-duc héritier se rend à Berlin et au quartier général pour causer avec le chancelier impérial et avec l’Empereur lui-même. Le baron Burian, nouveau ministre des Affaires étrangères, va lui aussi à Berlin voir son collègue allemand, M. de Jagow, et le chancelier de Bethmann-Hollweg. Les journaux s’ingénient pour découvrir les motifs de tous ces mouvemens et ne peuvent faire que des hypothèses. Nous n’avons pas la prétention de faire autre chose.

Le comte Berchtold a succédé au comte d’Æhrenthal en janvier 1912 : il a donc passé deux ans au pouvoir, et rarement deux années ont été, nous ne disons pas mieux, mais plus remplies que celles-là. On assure que le comte Berchtold n’avait accepté que par dévouement à l’Empereur, et sur la demande expresse de celui-ci, la lourde charge qui lui a été confiée : si le fait est vrai, il montre que le comte Berchtold se jugeait exactement lui-même, à n’était pas l’homme de la situation. Sa volonté était trop vacillante et trop faible pour dominer les événemens qui ont surgi ; aussi n’est-ce jamais lui qui