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la Mécanique rationnelle ; mais, sans scrupule, ils faisaient appel aux théorèmes de la Mécanique rationnelle pour interpréter les indications des instrumens dont ils empruntaient les renseignemens.


X

La Physique nouvelle ne s’est pas contentée d’entrer en conflit avec les autres théories physiques, et en particulier avec la Mécanique rationnelle ; la contradiction avec le sens commun ne l’a pas fait reculer.

Une délicate expérience d’Optique, exécutée par M. Michelson, se trouve en désaccord avec la Physique électronique, comme elle l’est, d’ailleurs, avec la plupart des théories optiques proposées jusqu’à ce jour. Dans cette expérience, du moins si elle se trouve dûment confirmée et correctement interprétée, l’esprit de finesse nous conseille de voir la preuve qu’aucune Optique n’est, jusqu’ici, irréprochable, et la nécessité d’apporter à chacune d’elles au moins certaines retouches. L’esprit géométrique des physiciens allemands a été d’autre avis ; il a trouvé moyen de mettre d’accord les équations de la théorie électronique et le résultat de l’expérience faite par M. Michelson ; pour y parvenir, il lui a suffi de bouleverser les notions que le sens commun nous fournit touchant l’espace et le temps.

Les deux notions d’espace et de temps semblent, à tous les hommes, indépendantes l’une de l’autre. La nouvelle Physique les unit entre elles par un lien indissoluble. Le postulat qui noue ce lien et qui, vraiment, est une définition algébrique du temps, a reçu le nom de principe de relativité ; ce principe de relativité, d’ailleurs, est si pleinement une création de l’esprit géométrique qu’on ne saurait, en langage ordinaire et sans recours aux formules algébriques, en donner un énoncé correct.

Du moins peut-on montrer, en citant une des conséquences du principe de relativité, à quel point la liaison qu’il établit entre la notion d’espace et la notion de temps heurte les affirmations les plus formelles du sens commun.

Entre la grandeur du chemin parcouru par un corps mobile et le temps que dure ce parcours, notre raison n’établit aucun rapport nécessaire ; quelque long que soit un chemin, nous pouvons imaginer qu’il soit décrit en un temps aussi petit que