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au sein d’un corps diélectrique, de la même façon que la lumière se propage au sein d’un corps transparent ; et pour une même substance, la vitesse de l’électricité et la vitesse de la lumière doivent avoir la même valeur.

Maxwell chercha donc à étendre aux corps diélectriques les équations de la théorie mathématique de l’électricité, et à mettre ces équations sous une forme telle que l’identité entre la propagation de l’électricité et la propagation de la lumière s’y reconnût avec évidence. Mais les lois les mieux établies de l’Électrostatique et de l’Électrodynamique ne se prêtaient point à la transformation rêvée par le physicien écossais. Tantôt par une voie, tantôt par une autre, celui-ci s’acharna, tant que dura sa vie, à réduire ces équations rebelles, à leur arracher les propositions qu’il avait entrevues et qu’avec un merveilleux génie, il devinait toutes proches de la vérité ; cependant, aucune de ses déductions n’était viable ; s’il obtenait enfin les équations souhaitées, c’était, à chaque tentative nouvelle, au prix de paralogismes flagrans, voire de lourdes fautes de calcul.

Ce n’était certes point une œuvre allemande que l’œuvre de Maxwell ; pour saisir les vérités que lui révélait sa pénétrante intuition, l’esprit de finesse le plus prime-sautier et le plus audacieux qu’on eût vu depuis Fresnel y imposait silence aux réclamations les mieux justifiées de l’esprit géométrique. L’esprit géométrique avait, à son tour, le droit et le devoir de faire entendre sa voix. Maxwell était parvenu jusqu’à ses découvertes par un sentier coupé de précipices infranchissables à toute raison soucieuse des règles de la Logique et de l’Algèbre ; il appartenait à l’esprit géométrique de tracer une route aisée par où l’on pût, sans manquer en rien à la rigueur, s’élever jusqu’aux mêmes vérités.

Cette œuvre indispensable fut menée à bien par un Allemand, mais par un Allemand dont le génie parait exempt des défauts de l’esprit germanique. Hermann von Helmholtz montra comment, sans rien abandonner des vérités éprouvées que l’Électrodynamique avait depuis longtemps conquises, sans heurter d’aucune façon les règles de la Logique et de l’Algèbre, on pouvait cependant atteindre au but que le physicien écossais s’était proposé ; il suffisait, pour cela, de ne pas imposer à la propagation des actions électriques une vitesse rigoureusement