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QUELQUES RÉFLEXIONS
SUR LA
SCIENCE ALLEMANDE


I

Jadis, nous avons tenté de décrire le cachet qui, aux théories physiques des Anglais, imprime un caractère si particulier et si saillant ; nous voulons aujourd’hui nous efforcer, d’une manière semblable, à découvrir les marques propres aux doctrines de Mathématique ou de Physique fabriquées en Allemagne.

Un tel essai se doit bien garder de prétendre à des conclusions rigoureuses. Prise en son essence, considérée sous sa forme parfaite, la Science doit être absolument impersonnelle ; puisque aucune découverte n’y porterait la signature de son auteur, rien non plus ne permettrait de dire en quel pays cette découverte a vu le jour.

Mais cette forme parfaite de la Science ne saurait être obtenue, sinon par un très exact départ des méthodes diverses qui concourent à la découverte de la vérité ; des multiples facultés que la raison humaine met en œuvre lorsqu’elle veut savoir plus et savoir mieux, chacune devrait jouer son rôle, sans en rien omettre, sans l’excéder d’aucune façon.

Ce parfait équilibre entre les multiples organes de la raison ne se rencontre en aucun homme. En chacun de nous, telle faculté est plus puissante et telle autre plus faible ; à la conquête de la vérité, celle-ci ne contribuera pas autant qu’il le faudrait