Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/601

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
597
L’ÉTERNELLE ALLEMAGNE.

Polonais. Le Tarif douanier de 1902, la Politique du Bloc, la Lutte pour le Sol : ces trois chapitres, entre plusieurs autres, sont un plaidoyer personnel, où l’habileté de l’auteur se donne carrière, où son talent d’exposition, sa dialectique de finesse, d’ironie, de mesure, son ton de grand seigneur et sa preste élégance lui gagnent, sinon l’adhésion, du moins l’applaudissement de tous les connaisseurs.

Mais ces chapitres n’ajoutent presque rien à ce que nous savions déjà. Pour le lecteur français, ils sont loin de valoir le lumineux exposé que faisait ici même M. André Tardieu en septembre 1909 ; c’est encore là qu’il nous faut chercher tous les renseignemens sur ces neuf années de politique allemande, que M. de Bülow résume et apprécie plus qu’il ne les expose. M. de Bülow adressait à un public fort averti cette sorte de « Discours à la nation allemande » sur les conditions vitales de l’Empire ; il pouvait se passer des explications détaillées et s’en tenir aux grands sujets : quelles sont les conditions de toute politique intérieure dans l’Allemagne unifiée ? quelles nécessités inéluctables dominent la vie de l’Empire ? quelles difficultés permanentes la traversent ? quels obstacles y opposent « le Passé politique du Peuple allemand » (c’est le titre d’un chapitre) et « l’Esprit séparatiste dans le nouvel Empire allemand » (c’est le titre d’un autre) et « l’Intérêt de Parti en face de l’Intérêt d’État » (c’est celui d’un troisième) ? quelles sont « l’Intelligence et la Sentimentalité politiques » des peuples allemands ? quelles doivent être les relations entre « le Gouvernement et les Partis, » entre « l’État prussien et la Social-Démocratie ? » que doit être « le vrai Remède au Socialisme ? » etc.

Il est probable que, depuis Bismarck, ni l’Allemagne, ni l’Europe n’ont eu beaucoup d’hommes d’État qui fussent capables de procéder à pareil examen. M. de Bülow, mieux qu’aucun autre, était à même de motiver ses réponses sur une parfaite connaissance de l’Allemagne dans le présent et dans le passé et sur une longue expérience des nations étrangères : il avait une compréhension assez intime, en particulier, des nations latines, dont les idées en politique, étant tout juste le contraire des idées allemandes, peuvent le mieux servir à éclairer celles-ci par leur contraste même.

Né au lendemain des journées révolutionnaires de 1848-1849, dans l’Allemagne du Nord, en plein Mecklembourg féodal ;