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dans l’attente de jours meilleurs. Cependant, la défense mobile de Verdun, élargissant peu à peu ses cercles concentriques, a déblayé la partie nord des Hauts de Meuse. Il résulte de là une situation compliquée, tenant plutôt à des circonstances momentanées qu’à des causes naturelles, mais dans laquelle on voit cependant intervenir la disposition très particulière et intéressante pour notre sujet qu’affectent les terrains de cette région.

Ceux-ci présentent un alignement Nord-Sud tout à fait typique, avec une série de zones déprimées et de saillies propres à la défense, que nous avons déjà signalée d’une façon générale, mais que le moment est venu d’examiner.

En ce pays, toutes les couches plongent vers l’Ouest et sont coupées à l’Est par des éboulemens formant côtes, ainsi qu’on l’observait déjà pour la falaise bajocienne de Nancy. De l’Est à l’Ouest, c’est d’abord, sur les marnes et argiles oxfordiennes, la zone déprimée de la Voivre : pays humide, aisément brumeux, dont les reliefs ne dépassent guère 250. Brusquement se dressent au-dessus vers l’Ouest, jusqu’à plus de 400, les crêtes calcaires des Hauts de Meuse, formées d’anciens récifs coralliens. C’est une véritable muraille que l’érosion a découpée en plan suivant des angles alternativement saillans et rentrans. La principale saillie forme le promontoire d’Hattonchatel. A l’angle rentrant, s’ouvre la descente de Liouville sur Lérouville. L’histoire hydrographique des vallées sèches qui traversent perpendiculairement les Hauts de Meuse, serait curieuse, mais nous entraînerait trop loin. Elle a donné son dernier modelé à un sol que les colonies de polypiers avaient commencé par construire jadis dans les calmes et transparentes profondeurs des mers chaudes à l’époque jurassique.

Les mêmes faciès coralliens se poursuivent vers l’Ouest jusqu’à la Meuse. Les récifs de Saint-Mihiel, au milieu desquels la rivière s’engouffre, en sont un exemple connu. Puis l’on traverse, à l’Ouest de la Meuse, les terrains du jurassique supérieur, parmi lesquels les calcaires portlandiens du Barrois dressent encore de nouvelles côtes, et, quand on dépasse la ligne de Clermont-en-Argonne, Waly, Vaubécourt, Bar-le-Duc, on trouve une répétition très nette de phénomènes semblables sur la zone crétacée de la forêt de Hesse et de l’Argonne.

Le crétacé inférieur comprend là, de bas en haut, des sables verts à nodules phosphatés, dont les infiltrations aqueuses constituent