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pour le cuivre en barres à Hambourg atteignait, au début de janvier, 2 940 francs la tonne, soit le double du prix en France. Mais cette hausse, qui commence à peine, est surtout appelée à se précipiter dans l’avenir.

Après le cuivre, nous passerons rapidement sur deux autres grands métaux, le zinc et le plomb. Pour le zinc, les Allemands réalisent des chiffres de production considérables. Leurs usines ont donné, en 1913, 290 000 tonnes et, en défalquant les minerais importés, on trouve encore, pour le zinc extrait de leurs propres mines, plus de 150 000 tonnes. Ils ne manqueront pas de zinc, d’autant plus que les États-Unis, gros exportateurs, sont toujours prêts à en fournir. On peut seulement remarquer que la presque totalité des usines à zinc allemandes peut se trouver arrêtée d’ici peu. Car elles sont, les unes en Silésie, les autres dans la Prusse Rhénane, près des usines belges qui, suivant toutes vraisemblances, doivent être entièrement fermées.

L’Allemagne consomme 259 000 tonnes de plomb et en produit 181 000 (1913), dont 90 000 tirées de ses minerais nationaux. L’Autriche ne produit que 13 000 tonnes. L’addition de ces deux chiffres décèle un gros déficit en temps normal. Or la balle de plomb pèse environ 10 grammes. Un shrapnel allemand renferme 300 balles de plomb pesant au total 3 kil. Si nous reprenons des chiffres précédens, nous arrivons environ à 600 tonnes par jour (300 pour les cartouches, et 300 pour les obus à balles), ou 300 000 tonnes par an qui s’ajoutent presque totalement à la production normale en temps de paix [1].

L’étain sera un des premiers métaux à manquer ; car il vient tout entier d’outre-mer (sauf les 6 000 tonnes du Cornwall) et, pour les deux tiers, de possessions anglaises (Etats Malais, Australie, etc.). N’appartiennent à des neutres que les mines des Indes néerlandaises et celles de Bolivie. Il est peu probable que la surveillance maritime anglaise laisse passer beaucoup d’étain. Or ce métal est nécessaire, ne fût-ce que pour l’étamage : par exemple dans l’intérieur des obus explosifs en acier, qui, sans cette précaution, s’attaqueraient. Il en faut également un peu pour le laiton. Les cours actuels de l’étain en Allemagne donnent lieu aux mêmes observations que ceux du cuivre.

  1. C’est peut-être en partie la raison pour laquelle les Allemands ont utilisé récemment des shrapnels nouveaux qui renferment seulement trente balles noyées dans du phosphore rouge.